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Journal d'un Instit
15 septembre 2008

Réinventer l'école

L’école à la française doit réviser sa copie, c’est entendu, mais pourquoi attendre une énième réforme pour innover ? Un peu partout dans le corps enseignant surgissent des idées concrètes et des énergies fortes pour faire bouger les choses et inspirer des parents désabusés.

Paru le 12.09.2008, par Pascale Wattier avec Olivier Picard dans le figaro

C’est une sorte de concours annuel. À chaque rentrée, les constats sur l’école, tous plus accablants les uns que les autres, s’accumulent dans les librairies. Sur fond de suppressions de postes dans l’Éducation nationale (11 200), cette édition 2008 met à l’affiche un paysage scolaire particulièrement sombre, que l’optimisme rituel du ministère ne parvient pas à éclairer… Plus que dans le mythe d’une grande réforme une de plus , les solutions les plus prometteuses surgissent aujourd’hui sur le terrain. Avec des profs ou des chefs d’établissement lucides qui ouvrent des pistes inédites. Alors qu’Entre les murs, de Laurent Cantet (Palme d’or 2008 à Cannes), sera à l’affiche le 24 septembre prochain, bienvenue en salle de classe, à l’heure où l’école est à (ré)inventer.

Renforcer le pouvoir du directeur d’école

Vouloir diviser par deux le nombre d’élèves qui arrivent au collège sans savoir lire, écrire et compter correctement (officiellement un sur quatre !), l’ambition est noble et salutaire. Ça ne suffira pas. Car le grand « retour aux fondamentaux », priorité absolue des nouveaux programmes du primaire, n’est pas vraiment une nouveauté. Voilà plus de quinze ans qu’elle figure en bonne place dans les discours des neuf ministres de l’Éducation nationale successifs depuis 1992. Sans résultats. Alors, imposer neuf à douze heures de français par semaine du CP au CM2, et cinq à six heures de mathématiques, très bien. Encore faut-il garantir l’efficacité de ce régime à haute dose de lecture, de rédaction, de grammaire et de calcul. Car l’autre enjeu, c’est le suivi individuel. Le plus souvent inexistant.

C’est pourquoi des enfants parviennent à passer de classe en classe en trimbalant jusqu’à l’entrée en sixième des handicaps qu’ils accumulent depuis le CP. Car si l’école élémentaire travaille consciencieusement, elle n’a aucune culture de la coordination. Et pour cause : le directeur d’école n’a pas de pouvoir pédagogique, ni d’autorité hiérarchique sur ses collègues enseignants pour harmoniser le travail en commun… En lui donnant, enfin, un vrai statut et un rôle dynamique pour organiser le soutien scolaire et préparer le relais avec le collège, on éviterait peut-être que l’orthographe reste « une patate chaude que chaque niveau de scolarité s’empresse de transmettre au suivant », comme le regrette Danièle Manesse, professeur de sciences du langage à Paris III Sorbonne nouvelle, coauteur de Orthographe, à qui la faute ? (ESF Éditeur).

Le niveau des jeunes en anglais, en allemand et en espagnol à la sortie de leur parcours scolaire ? Une infirmité nationale. Xavier Darcos, ministre de l’Éducation, promet des stages gratuits aux lycéens dès les prochaines vacances de février et d’été. Mais on pourrait agir dès le primaire. Problème : treize ans après l’introduction d’une initiation aux langues en cours élémentaire, le bilan est misérable. « Les professeurs de sixième affirment que passé les deux premiers mois, ils ne voient plus la différence entre les enfants qui ont reçu un apprentissage en primaire et ceux qui n’ont jamais prononcé un mot d’anglais », résume une directrice d’école parisienne, au diapason de ses collègues. Cet enseignement est laissé à la compétence des instituteurs qui ont accepté de suivre une initiation, sans aucune gratification financière.

Première piste possible ? Faciliter l’intervention de professeurs des collèges voisins, payés en heures supplémentaires. À condition qu’ils vivent cela comme un enrichissement, pas comme une punition. Dans son livre Cours des Miracles (éd. Albin Michel), Christian Muzyk, professeur d’anglais dans un collège du nord de la France, avance son truc à lui : alimenter l’enthousiasme de ses élèves. Intraitable sur les règles, il leur propose d’écrire des chansons originales. Adhésion garantie. D’autres collègues voudraient rendre systématiques les séjours à l’étranger pour les lycéens (au moins un par an). Classique, certes, mais on n’a pas trouvé mieux pour opérer le fameux déclic…

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