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Journal d'un Instit
10 avril 2008

Réformes

Le "bac pro" en trois ans : une réforme qui divise syndicats et lycéens

Depuis sa création, en 1985, il faut en principe quatre années d'études après la 3e, jalonnées par l'obtention au bout de deux ans d'un brevet d'études professionnelles (BEP), pour obtenir un bac pro. Soit une année de plus que les autres filières du baccalauréat. Un cursus en trois ans est déjà expérimenté depuis 2001 : 10 000 lycéens y étaient engagés à la rentrée 2007. Le ministre prévoit de porter ce chiffre à 40 000 dès la rentrée 2008, sur un total d'environ 724 000 lycéens professionnels, pour une "généralisation progressive" à compter de 2009.

"Le cursus en trois ans est incitateur, car il met le bac pro à égale dignité du bac général ou technologique", assure un collaborateur de M. Darcos. L'objectif, précise-t-il, est "que sur 100 élèves intégrant le cursus, au moins 80 obtiennent le bac".

Les élèves qui intègrent l'enseignement professionnel se dirigent soit vers une filière courte visant une insertion rapide - le CAP, qui peut aussi être préparé en apprentissage - soit vers une filière plus longue, constituée du BEP puis du bac pro. Mais 46 % des lycéens pro ne vont pas jusqu'au bac, que décrochent seulement un tiers des titulaires de BEP.

"MANoeUVRE BUDGÉTAIRE"

Le CAP comme le BEP offrent en principe une qualification reconnue sur le marché du travail. Mais cette reconnaissance est très variable selon les branches professionnelles. L'ancienneté du CAP, créé en 1919, son caractère opérationnel et ses 250 spécialités en ont fait un diplôme de référence aux yeux de beaucoup d'employeurs. Le BEP, créé en 1966, comprend plus de 50 spécialités mais doit surtout permettre la poursuite d'études. "Seuls 43 % des détenteurs du BEP sont insérés dans le marché du travail sept mois après son obtention", souligne-t-on au ministère de l'éducation.

Devant la réforme, les enseignants des lycées professionnels sont divisés. Le Snetaa-EIL, syndicat majoritaire dans ce secteur, et cinq autres organisations, dont le SGEN-CFDT et le SE-UNSA, ont signé le 18 décembre 2007 avec le ministère un protocole de discussion, prévoyant des réunions jusqu'au 30 avril.

Mais, représentant ensemble un poids à peu près égal, six autres syndicats, affiliés notamment à la FSU, à la CGT et à SUD, se sont constitués en un front du refus, dénonçant une "manoeuvre budgétaire" visant à supprimer des postes.

"Cette réforme ne permet pas d'économiser des moyens, rétorque le ministère. On sera sur un nombre d'élèves équivalent puisque l'objectif est que davantage poursuivent leurs études." Les opposants craignent que la réforme entraîne la disparition du BEP et que les élèves les plus en difficulté soient découragés de poursuivre jusqu'au bac. Le ministère dément catégoriquement toute suppression du BEP et promet une "individualisation des parcours", permettant aux élèves d'avancer "à leur rythme", c'est-à-dire en quatre ans pour certains.

Divisés sur le fond, les syndicats sont en revanche unanimes à déplorer la "précipitation" du ministre. "En novembre, il nous a fallu batailler contre une note aux recteurs qui imposait la réforme à marche forcée", assure le SE-UNSA. "En ce moment, lors des journées portes ouvertes dans les lycées, c'est le flou le plus total. On ne sait pas comment orienter les élèves", constate SUD-Education. Le Snetaa-EIL réclame de son côté que l'on "calme le jeu" pour éviter "la cacophonie dans les établissements au niveau des programmes". Pour le SGEN-CFDT, "les discussions actuelles sont une véritable chance pour redonner de la dignité à la formation professionnelle".

Luc Cédelle avec Julia Pascual

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